Les Slovaques des Hauts Tatras pleurent leur forêt dévastée.STARY SMOKOVEC (Slovaquie) (AFP) - Fauchés d'un seul coup par l'ouragan, des centaines de milliers d'arbres gisent enchevêtrés dans le massif des Hauts Tatras, un joyau de l'Europe centrale qui depuis samedi a des allures de paysage lunaire.
Dans un cataclysme sans équivalent de mémoire d'homme dans la région, des vents de 140 à 150 km/h ont balayé dans la nuit de vendredi à samedi, le versant slovaque des Hauts Tatras, un massif qui s'élève à plus de 2.600 mètres à la frontière sud de la Pologne.Dans la partie centrale du massif, 12.500 hectares de forêt ont été totalement dévastés et 12.000 autres hectares sérieusement endommagés.
L'ampleur des dégâts est encore difficile à évaluer, nombre de routes et chemins étant encore totalement inaccessibles. Mais selon une première estimation du ministère slovaque de l'agriculture dimanche, environ 3 millions de mètres cubes de bois, soit quelque 90% de la récolte annuelle de bois en Slovaquie, ont été cassés ou déracinés."J'ai pleuré comme un petit enfant, quand j'ai vu cette catastrophe samedi," raconte Anton Belis, un retraité, "maintenant quand je regarde de ma fenêtre, je peux même compter les lumières en bas dans la ville de Poprad qui est à 15 km de mon village de Polianka. Avant c'était impossible."
"Il est certain que c'est la plus grande catastrophe dans l'histoire des Tatras. La tempête a laissé une large plaie ouverte sur une longueur de cinquante kilomètres", explique Michal Sykora, maire du village de Strba.
En roulant sur les routes des Hauts Tatras, déjà recouverts d'une épaisse couche de neige d'environ 50 cm, on ne compte plus les maisons ou les hôtels aux toitures crevées par les arbres abattus. Parfois, sur des centaines de mètres, il n'y a plus un seul arbre debout.
"Les trois quarts du parc national des Hauts Tatras ont été détruits", avance le maire, Michal Sykora.
"J'ai envie de pleurer", dit Bohuslav Zuza, 54 ans, un éleveur de chevaux dans le village de Gerlachov, "j'ai l'impression que les Tatras ne pourront reprendre leur vrai visage que d'ici 80 à 100 ans, c'est comme un paysage lunaire". "Si quelqu'un me laissait sur la route, sans me dire auparavant où je suis, je serais complètement perdu, bien que j'aie vécu ici toute ma vie. Le paysage a été complètement changé", se lamente-t-il.
Certains avancent déjà que le climat de la région pourrait en être affecté. "Il s'agit d'une énorme catastrophe non seulement pour la Slovaquie mais pour toute l'Europe centrale car elle pourrait changer le climat", a ainsi déclaré le président slovaque Ivan Gasparovic.
Les premières photos des dévastations ont touché le coeur des Slovaques mais aussi des Tchèques, pour qui les Hauts Tatras sont une destination favorite pour les vacances d'été comme d'hiver."Les Hauts Tatras sont un symbole de la nation slovaque", dit Michal Sykora, qui espère déjà la solidarité de tout le pays.
Mais nombre de montagnards craignent que les touristes ne désertent pour longtemps une région désormais largement privée de ses beaux sapins. "C'est la fin du tourisme dans les Tatras", déclare d'un ton pessimiste Bohuslav Zuza.
"Le nombre des touristes va peut-être diminuer mais cette baisse sera peut-être compensée par les personnes qui seront curieuses de voir les conséquences de cette catastrophe", veut espérer Michal Sykora. "De toute façon, l'environnement restera toujours très beau ici".
Lundi, alors qu'une neige épaisse tombait sur la région, les forestiers étaient toujours occupés à dégager les voies de communication. Les autorités estiment qu'il leur faudra peut-être une semaine pour rétablir le réseau routier dans sa totalité.
Source:
http://fr.news.yahoo.com/041123/202/45j19.html